Porsche remporte cette année sa 17ème victoire aux 24 Heures du Mans, grâce au doublé des Porsche 919 Hybrid n°19 de Hülkenberg-Bamber-Tandy et n°17 de Bernhard-Hartley-Webber. Le constructeur de Stuttgart, qui détenait déjà le record du nombre de victoires dans la Sarthe, vient ainsi d’élargir son vaste palmarès au sommet de l’Endurance.
Cette année, le niveau de performance de l’ensemble des prototypes LM P1 a fait un gros bond en avant, et le meilleur tour établit par l’Audi R18 e-Tron Quattro n°7 aux mains de Benoît Tréluyer lors du 337ème passage (3'17"475), est également une illustration de la belle bataille qui a eu lieu aux 24 Heures du Mans 2015 entre les deux constructeurs allemands.
C’est au milieu de la nuit que la Porsche n°19 a construit son succès. Entre 2 et 6 heures du matin, non seulement les Porsche avaient retourné le facteur vitesse à leur avantage, mais elles alignaient 14 tours entre deux ravitaillements. Au bout du compte, les Porsche auront ravitaillé deux fois de moins que leurs rivales. Le reste de leur retard, c’est dans les stands que les Audi l’auront accumulé. Étonnant pour une équipe qui a souvent gagné Le Mans en s’arrêtant moins souvent que ses adversaires. Et les tours rapides alignés par Lotterer, Tréluyer et Fässler n’ont cette fois pas suffi à inverser la tendance.
Que dire de Nissan ? Une voiture a franchi la ligne, mais n’est pas classée. Darren Cox avait promis que les temps de qualif seraient battus en course, il a tenu parole, mais toujours à 20 secondes des voitures de pointe. Il fallait voir les Nissan à la peine lors de la moindre relance pour se rendre compte que l’option hybride choisie par Nissan n’est pour l’instant pas la bonne. Quand elles roulaient, les Nissan ne parvenaient pas à se débarrasser des LMP2, et même les meilleures GTE Pro les gênaient à l’accélération. Il y a du travail en perspective.
En LMP2, Laurens Vanthoor a montré qu’il avait sa place au plus haut niveau. Il a par deux fois réalisé le meilleur temps de sa catégorie, et lors de son premier relais, il a remonté quatre concurrents avant de céder le volant au très bon Kevin Estre. Mais la marche en avant de la Ligier n°34 était enrayée par des arrêts au stand plus longs que la concurrence, et surtout par une erreur du troisième pilote Chris Cumming qui partait en tête-à-queue au virage d’Indianapolis vers 21 heures. Deux tours perdus au moins, et la Ligier n’avait pas la vitesse de pointe nécessaire pour taquiner les vedettes de la catégorie, et en particulier un Nicolas Lapierre qui a été impressionnant sur l’Oreca KCMG n°47 victorieuse. La belle aventure de Vanthoor s'arrêtait même en vue de l'arrivée, boîte de vitesses cassée.
La bataille a été somptueuse en GTE Pro, mais elle s’est terminée à 13 heures faute de concurrents quand la Ferrari 458 n°51 a perdu 27 minutes au stand. Jusque là, elle se battait à coups de secondes avec la Corvette n°64, le moment le plus intense de la bataille se situant en fin de ravitaillement, quand la Corvette a réussi de justesse à reprendre la piste devant la Ferrari. L’équipe Porsche Manthey a dû suivre la bagarre à distance et Aston-Martin a connu trop d’incidents de course pour confirmer son beau résultat des essais. Pour Corvette, la victoire en GTE est d’autant plus belle que l’équipe était amputée d’un de ses membres depuis le forfait de la n°63… et que le grand rival Ford débarque l’an prochain avec de sérieuses ambitions.